[Mini-event] Samhain 2019

           Fenriiiiiiiiiiiiiiiiir, tu ne peux pas m'ignorer aujourd'hui ! Fenriiiir, c'est ta fête ! Notre fête ! Je le sais qu'il ne m'ignore jamais, qu'il est proche de moi bien qu'il n'a jamais été aussi proche d'un élu. Suis-je sujette à tomber dans la même folie que lui pour qu'il m'apprécie autant ? Non Fenrir, je plaisante. Il ne m'a jamais adressé la parole, je ne sais même pas s'il le peut. Ce loup que j'avais vu me sauver la vie, j'ai l'impression qu'il ne me parle qu'à travers de ses yeux rouges, qu'il me fait ressentir ce qu'il veut dire. J'aimerais l'avoir de nouveau à mes côtés. Je sais que je quémande toujours, mais Fenrir, offre-moi quelque chose, je te suis à jamais dévouée, tu le sais.


    C'était une journée tout à fait normale, je n'avais rien fait sortant de l'ordinaire, seulement ce soir c'était la veillée, la veillée du Samhain. Je me suis habillée d'une robe pull noire, étant légèrement au dessus des genoux, un collant couleur peau et des bottes. Il ne faisait pas particulièrement froid, mais l'air me rappelait un peu plus la fin de l'été chaque jour. Oui, je reste bloquée sur l'été, cette merveilleuse saison. Je connaissais l'endroit, quatre ans de suite que je passe ici, ce même soir. C'est un rite. C'est un événement annuel de notre chère école. Cette table, ce feu, l'hommage à notre fondateur, Örn Algiz sans qui nous ne serions pas là.

    Chaque année, je prends place à la même table, à la même place, me retrouvant au milieu de ses élèves que je ne fréquente pas forcément. Ce soir n'est pas n'importe lequel, les divergences ne doivent pas être là. Les nouvelles têtes, les élèves de premières années, ils étaient là aussi. Ce feu est magistral. J'écoute les paroles de notre directrice, une femme bien que je ne laisserais pas tomber. Je commence le repas, qui serais-je si je ne dis aucun mot ? Je me lève, un sourire accrocher aux lèvres, levant mon verre comme pour annoncer quelque chose d'important.


« Bon appétit et bonne soirée à tous ! »

    Simple, efficace et tellement moi.

         J'ai créé un mouvement de foule disant bon appétit, ça ne me dérange pas, peut-être qu'ils ont compris que oui, nous sommes réunis et que non, il n'y a aucune animosité à avoir ce soir. Qu'il faut être bienveillant, juste un soir par an, ce n'est pas trop demandé, si ? Bien qu'étant entourée, et que ça ne me touche pas plus que ça - la solitude ne me faisant pas peur, je la vis pratiquement chaque été -, j'avais plutôt l'impression de ne pas l'être. C'est un sentiment horrible, j'aimerais qu'il disparaisse. Je commence à prendre quelques lichettes, je ne suis pas fan des soupes, mais celle-ci est particulièrement bonne. Le cuisto a changé ? Ou un traiteur ? Ou un membre du personnel ayant un talent caché ? En tout cas, ils peuvent le garder, lui, il me fait boire de la soupe.


     « Sympa les tatouages. J'aime bien. »


         Je me tourne directement vers la personne ayant lancée ça. Un jeune homme, à première vue je dirais à peine plus âgé que moi, ou peut-être du même âge qui sait ? Je n'ai jamais été forte aux devinettes. J'ai comme un déjà vu, il est élève depuis longtemps ? Je ne crois pas l'avoir aperçu l'année dernière, mais peut-être deux ans en arrière ? On ne me fait pas énormément de réflexions sur mes tatouages, la plupart des élèves savent que c'est un rituel pour Fenrir, mais lui, non, apparemment. A le regarder de plus près, il en a lui aussi, des tatouages. Bien plus que moi. Aurait-il une raison significative lui aussi ?


    « Ils ne sont pas "sympas". », dis-je d'une manière un peu trop sèche à mon goût.


         Et voilà que je recommence à être trop directe, mais c'est vrai, comment peuvent-ils être sympa alors que c'est un rituel ? Ce n'est pas fait pour être beau, pour plaire ou susciter des avis. J'essaye de me rattraper sans le laisser parler, évitant même de lui couper la parole.


    « Pardon. C'était trop froid. », j'ai lâché un petit rire avant de reprendre. « Je dis ça parce que c'est un rituel, pour Fenrir. Ils ne sont pas censés faire beau. » Je le regarde un instant, passant le regard sur plusieurs de ses tatouages avant de reprendre.  « Par contre, toi, ils sont sympas. »


         Il faut vraiment que j'arrête de parler trop vite. Je n'arrive pas à contrôler mon ton quand je parle d'un coup.

         Apparemment, il n'est pas facilement irritable, c'est déjà ça. Ils sembleraient que les personnes avec qui je communique les premières fois sont facilement irriter lorsque je leur parle, en faite je les embarrasse d'abord en étant trop directe, puis je finis par les irriter. Ou alors ils aiment bien ça. En tout cas, lui, il émet un léger rire, c'est cool. Puis même si je l'aurais dérangé, malheureusement ça ne me toucherais pas le moins du monde. Je prends une figue disposée sur un bol de fruits, enlevant la peau comme le faisait ma mère - correction, comme elle me le faisait -. Cette soupe n'est pas mauvaise, non, mais j'attends la suite des festivités, surtout.


    « Tu sais, ils ne sont pas censés être sympa non plus... Enfin pas tous... Je ne sais plus en fait. »


         Tiens, la première chose qui m'intrigue c'est son ' pas tous '. Je reconnais n'être pas la seule à porter un tatouage symbolique, certains en font pour se souvenir, d'autres pour cacher des choses, même pour un rituel ou alors simplement pour l'amour de cet art. J'ai eu envie de lui balancer un simple ; " lesquels ne sont pas censés être sympa ? ", mais je me suis abstenue. J'essaye de faire un travail sur moi-même, je garde la franchise, bien sûr, mais parfois je suis beaucoup trop intrusive.


    « Alors ton Dieu c'est Fenrir, intéressant ! »


Je ne peux m'empêcher de sourire, ' intéressant ', oui, c'est le mot. Il n'y a pas de meilleur dieu que Fenrir, une touche de sauvagerie, de fougue, d'animal, de tempérament.. Et surtout il m'a sauvé, m'a donné une voie à suivre. Fenrir, m'as-tu véritablement choisie parce que tu pensais que je te méritais ? C'est une question rhétorique. Bien sûr que oui, je le mérite et il me mérite, un dieu ne se trompe jamais d'élu, hein ? ' Intéressant ' était le mot, vraiment.


    « Le Professeur Verasle nous en avait parlé. D'ailleurs, je ne l'ai pas encore vu depuis mon arrivée. J'ose espérer que personne n'a réussi à le faire fuir ! Il donne toujours cours de mythologie ? »


       J'espère bien qu'il en est parlé, qui pourrait éviter ce sujet ? Pendant qu'il parlait, je finis la figue que j'avais soigneusement épluchée, j'aime bien ce fruit, il est bizarre. Et ma mère en était fan, je ne peux qu'être disposée à aimer. Pourquoi je pense de nouveau à elle ? Non, ce soir c'est festivité et tout le tralala. Je regarde mon interlocuteur, émettant un léger sourire.


    « Je n'ai pas eu cours avec lui ce début d'année, mais je l'ai croisé dans les couloirs cet été. Je suppose alors que non, personne ne la fait fuir. », j'ai fini en lui lâchant un sourire.


         Bon, tout le monde a toujours su que je ne rentrais jamais chez moi l'été, je suis toujours restée ici depuis quatre ans, je n'ai jamais voyagé, c'est assez triste en faite. Je ne m’apitoie pas sur mon sort pour autant, cette école est mon foyer. J'essaye de me souvenir, sa tête me dit vraiment quelque chose. Je ne pense pas que je le connaissais, mais peut-être qu'on m'avait déjà parlé de lui. En bien, en mal ? Des rumeurs ? Je n'en sais rien.


    « En faite, moi c'est Skade. Ta tête me dit quelque chose, ça fait longtemps que t'es ici ? »


         Je lui ai tendu la main, attendant qu'il me la prenne en retour, ma cuillère dans l'autre, prête à la replonger dans ce liquide orange.