L'étreinte d'une chasseresse pour sa proie [ PV Ivar Strømson ]

           Est-ce si difficile, un jour de pluie, un jour d'ennui, de ne pas penser au pire moment de sa vie ? Sa peau si douce, son grand sourire qui illuminait mon cœur, sa voix qui sonnait si doucement à mes oreilles.
Ma mère était un doux rayon de soleil.
Il s'est éteint il y a si longtemps pour que quelques années plus tard il éteigne la chaleur de mes sentiments. Un t-shirt simple, gris, entré dans un jean noir, des chaussures de sport dont j'ai tellement l'habitude de porter ayant peur que des talons me la rappellent. Ce serait inévitable. J'ai passé mon été à sortir, me baigner, faire du camping sauvage, mais surtout à me poser à la bibliothèque, m'instruisant pour éviter de redoubler. Fenrir, donne-moi la chance de posséder quelque chose t'appartenant, un don, un artefact, un compagnon comme ce serpent noir qui sillonne les rangées de livres. Tu sais que je le mérite plus que quiconque, je te donne ma vie et tu le vois que trop bien. L'envie d'être plus proche de lui m'obsède, un compagnon pourrait m'aider lorsque je ne me sens pas bien, lorsque ma mère refait surface dans mes souvenirs d'enfance. Je déteste ses souvenirs. Je déteste ce géniteur qui en plus de m'avoir enlevé mon modèle, a corrompu mes frères.


         Je me suis retrouvée machinalement à l'entrée de la bibliothèque, c'est le seul endroit où il est bon de se poser et de rester tranquille. Il n'y a pas énormément de monde, quelques élèves par-ci par-là et ce bibliothécaire. Ivar. Si il n'était qu'un bachelor, cela fait longtemps que j'aurais tenté la chose. Malheureusement, notre relation ne s'arrête qu'à " auriez-vous ce livre ? - savez-vous la différence entre telle et telle chose ? ", comme une relation normale entre membre du personnel et élève. Parfois, je bégaie presque entre le tutoiement et le vouvoiement, donnant des situations comiques. Je suis tellement habituée à être ici que j'ai l'impression de faire partie des meubles. Aujourd'hui, je n'ai pas envie de parler à qui que ce soit, je me mets dans un coin, prenant le premier livre qui me passe sous la main ; un livre pour adolescent. Bon, je n'ai pas pour habitude de lire des choses abrutissantes, gnangnan à souhait et toujours en happy end mais ce n'est pas la lecture qui m'intéresse, mais le fait de penser à autre chose que ma mère. Je m'installe donc confortablement, ouvrant la première page, la lisant sans enthousiasme.